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Charles II d’Anjou
Il
faut libérer Charles II après quatre années de captivité en Aragon! Ses
trois fils aînés, ainsi que quatre-vingt seigneurs Provençaux se livrent en
otage à sa place. Mais il faut encore six ans pour régler cette regrettable
affaire, moyennant l'abandon des comtés du Maine et d'Anjou. La paix est signée
en 1295.
Toutefois la lutte reprend deux ans plus
tard en territoire calabrais, véritable état tampon. Notons ici combien les
fiefs des Ruffo furent exposés lors de ces rivalités dramatiques.
Mûri
par les épreuves, Charles II fut un excellent souverain. Il édicte des
lois sages, réprime les abus, se livre tout entier à l'amour pour son peuple.
Son règne et celui de son fils, Robert le Bon, sont considérés comme l'âge d'or
de la dynastie Angevine. Il eut de son épouse Marie de Hongrie neuf enfants.
Louis marqué par six années de prison se consacre à la vie monastique. Devenu
évêque de Toulouse, il meurt à l'âge de 25 ans, et est canonisé sous le nom de
St. Louis de Marseille.
Le
huitième enfant est Jean de Duras (ou Durazzo) dont descendent
Charles III, Ladislas et Jeanne II, futurs Rois et Reine de Naples.
Charles II
d'Anjou, Roi de Naples >
Enrico I
Ruffo succède à son frère Fulco II, et
reprend les états de son père. Par sa mère Marguerite de Pavie, il
hérite de Sinopoli, Mongialino, Bovalino, etc. En 1279, il fait partie du
groupe de barons qui prêtent de l'argent à Charles I, participant à la
construction d'une flotte au service de la Maison d'Anjou.
En
1297, ses états souffrent beaucoup de l'invasion de la Calabre par
Frédéric III d'Aragon. Assiégé dans son château de Bovalino, il est libéré
par Charles II. Celui-ci en récompense de sa fidélité lui concède le fief
d'Attina et une partie des revenus provenant de la douane de Trani. Il est
nommé chambellan du Roi, Vice-roi de la terre de Labour (l'actuelle Campanie),
et reçoit le gouvernement des faubourgs de Naples, succédant ainsi à son cousin Giovanni Ruffo, seigneur de Badolato, déjà décédé.
Il
existe encore à Solano une fontaine surmontée d'une stèle gravée aux armes des Ruffo,
énumérant les droits douaniers et exonérant de l'impôt femmes enceintes et
prostituées!
Enrico I
Ruffo, seigneur de Sinopoli, Seminara et autres
lieux, armé Chevalier de la main du Roi Charles Ier en 1272, fut familier
et Chambellan du Roi Charles II, et vice-roi de la Campanie. De son
mariage avec Marguerite de San Liceto (ou de Senlis), des Seigneurs de
Maïda, avec laquelle il vivait encore en 1301, il eut 4 garçons et 2 filles. De
celles-ci Constance Ruffo épouse Vinciguerra Grimaldi, Seigneur de
Saint-Démétrius en Calabre. Vinciguerra Grimaldi était le
fils de Rainier Ier Grimaldi, Seigneur de Monaco (voir plus bas aussi).
Enrico I ainsi que son fils Fulcone II seigneur de Bovalino, père de Niccolo dont le tombeau est à Gerace,
participent à une entreprise militaire en faveur de Charles Martel en Hongrie.
Le
Roi Robert le Bon, succédant à Charles II, témoigne envers Enrico I d'une bienveillance spéciale et le prend comme Conseiller. Contrairement à
l'usage, il obtient du souverain l'autorisation de partager ses fiefs entre ses
enfants. Les Ruffo dotent leurs filles afin d’augmenter leur propre
influence dans le pays et à la cour par des mariages habilement négociés. Il
termine sa vie riche et honoré.
Notes
Généalogiques indiquant les alliances de la Maison Ruffo avec celle des
Grimaldi. (c)Archives des Ruffo de Bonneval.
"On
peut s'en assurer à la première table de la famille Grimaldi, n° 39, ou
est mentionné au commencement du XIIIe siècle, le mariage d'Adèle
Grimaldi avec Pyrrhus Ruffo comte de Sinopoli". On y trouve
aussi que Rainier II de Grimaldi, prince de Monaco vers l'an 1330, épousa Marguerite
Ruffo de la Maison des Comtes de Sinopoli…
Carlo
Ruffo, premier fils du comte Guglielmo succéda vers 1415 aux Etats de son père, et fut
conseiller de la reine Jeanne II. Vers 1419, il épouse Catherine
Grimaldi dame de Policastro, fille unique de Nicolas seigneur de cette
ville et de Monaco et d'Isabelle de l'Amendolée, sœur de Jean, lequel mariage
fut célébré avec la faveur de ladite reine Jeanne. C'est pourquoi il obtint
d'elle la confirmation du Comté de Sinopoli, Bagnara, di Motta Rossa ou
Bellicore, Motta Nomara, Mesanova et di Fiumara di Muro.
Parmi
d'autres seigneurs de la Famille de cette génération, citons Giovanni Comte de Catanzaro, fils de Pietro II, adoubé chevalier dans la
très belle cathédrale de Naples. Chambellan et familier de Charles II, il
est membre du Conseil. La Roi Robert le nomme Capitaine Général de Calabre en
1316. Il prend part aux guerres opposant les Anjou de Naples aux Aragons de
Sicile. Le Roi se fie à son expérience et le nomme Aide de Camp et Conseiller
de son fils et héritier Charles Duc de Calabre. Giovanni l'accompagne à Florence lorsque le Duc gouverne la Toscane
au nom du Roi.
< Cérémonie d'adoubement
Très
généreux, on peut citer parmi les libéralités de Giovanni, les dons
faits au monastère de Ste Claire à Catanzaro, dont à cette époque l'abbesse
était Sœur Jacopa Ruffo de Sinopoli. La fille de Giovanni, Sœur Tomasa,
fut également abbesse du couvent, quelques années plus tard.
Pietro III fils de Giovanni, est Chambellan et Familier du Roi
Robert, membre du Conseil d'Etat, Vice-roi de la terre de Bari, etc…
Tomaso
Ruffo, frère de Giovanni, est archevêque de
Reggio en 1307.
Guglielmo I,
troisième fils d'Enrico I, nous intéresse d'une façon particulière.
Il est l'ancêtre de tous les Ruffo du XXIe siècle. Armé chevalier au
temps de Charles II, familier du Roi Robert, il est nommé Vice-roi et
Capitaine Général des Abruzzes en 1331, puis Conseiller d'Etat, et Vice-roi de
Calabre. En 1334, il devient le
1er Comte de Sinopoli. Il épouse en premières noces Catarina Crispai d'Allemagna, di Corbatio, dont il a deux fils : Enrico II et Carlo. Puis en 1332 il va épouser en secondes noces Eloïsa d'Erovilla,
qui lui donne également deux fils : Fulco IV et Ruggiero.
Qui
eut pu deviner, à cette époque, que cette seconde et tardive union de Guglielmo I assurerait la survivance de la Famille! Car les unes après les autres,
toutes les branches aînées se sont éteintes au cours du
XVe
siècle.
Eloïsa,
veuve en premières noces de Francesco Filangieri, a deux fils dont son futur
mari Guglielmo I était devenu le tuteur en 1331. Il l’épousera en
1332. Tout ne fut pas facile pour notre aïeule : Eloïsa. Carlo chevalier
en l’absence de Guglielmo son père
Comte de Sinopoli et de Enrico II son frère aîné tous deux en mission militaire en d’autres lieux du royaume, est
chargé par procuration des biens paternels. Cependant il n'a cure de cette
belle-mère et de ses jeunes demi-frères.
Eloïsa,
pour subsister avec ses fils Fulco IV et Ruggiero, d'environ
neuf et huit ans, se voit obligée d'envoyer une supplique au Roi Robert lui
demandant d'« ordonner à Carlo, le fils aîné du seigneur Comte,
qui possède (gère) tous les
biens féodaux de son père, de lui fournir à elle et à ses fils, la nourriture
et l'entretien selon leur qualité et la valeur des dits biens »,
acte déposé aux archives de la Zecca à Naples, lettre C folio 6. Le Roi dans
une ordonnance du
Carlo devient le
deuxième Comte de Sinopoli vers 1363. En effet suite à une grave altercation
d’une part entre Enrico II et son
fils Antonello et d’autre part le
Comte Guglielmo de Sinopoli au sujet
des fiançailles décidées par le grand-père entre son petit-fils et Giovanna
fille du juriste napolitain Nicolas d’Alife. Ceci déclenche un drame et
ils sont rétrogradés dans l’ordre de succession au profit du frère cadet Carlo qui a de sa femme Arigilda Ruffo de Catanzaro, deux fils dont l’aîné est Guillaume II.
Au
Moyen-âge il n’existe pas d’état civil aussi le choix du prénom des garçons
suivait-il certaines règles. L’ainé reçoit celui de son grand-père, ainsi pas
de contestation possible lors de l’héritage des fiefs qui sont dévolus à
l’ainé. Voyez la généalogie des Ruffo de Sinopoli. Parmi les deux fois deux fils de Guglielmo I, Enrico du premier lit
porte le prénom de son grand-père. Fulco, l’aîné du deuxième lit, du deuxième
lit porte celui de son aïeul. C'est donc bien Fulco IV qui est l'aîné et non Ruggiero, contrairement
à ce qu'avance Montgrand.
On
peut remarquer combien de nombreux Ruffo ont des situations importantes
auprès des Princes d'Anjou, à la cour et dans les provinces. Ils demeurent une
des premières familles du pays, et l'on verra plus loin que de brillantes
alliances, entre autres avec les Sanseverino, les rapprocheront du trône,
précisément pour la branche des Ruffo de Montalto.
Troisième
fils de Charles II, il gouverne le royaume avec beaucoup de sagesse
pendant les absences de son père qui lui lègue la couronne par testament, au
détriment de son frère aîné, le Roi de Hongrie. Il reçoit l'investiture des
mains du pape Clément V à Avignon, en présence de nombreux seigneurs
napolitains, dont Giovanni et Giordanello Ruffo, ceci malgré
l'opposition de l'Empereur d'Allemagne.
<
Monnaie du Roi anjevin Robert le Bon
La
Sicile est toujours aux mains de la dynastie d'Aragon, et Robert d'Anjou échoue
plusieurs fois dans la tentative de la reconquérir. Il est aimé de son peuple,
respecté par ses ennemis. Robert était poète. Pétrarque avec qui il était lié,
a écrit sur lui des pages pénétrées d'admiration. Les Ruffo sont à sa
cour, et assument de nombreuses tâches dans les provinces.
Citons
particulièrement Giovanni, Comte de Catanzaro, Aide de camp et
Conseiller du prince héritier. Le Roi Robert le Bon eut la douleur de perdre
prématurément Charles Duc de Calabre, ce prince très doué. Pour éviter au Pays
une guerre dynastique et restituer le Royaume de Naples à la branche aînée
d'Anjou tout en le maintenant dans sa propre famille, il décide des épousailles
de sa petite-fille Jeanne avec son petit-neveu André de Durazzo, fils du Roi de
Hongrie, Caribert d’Anjou. Mais cette astuce politique allait tourner bien mal
pour sa dynastie et pour le Pays...
Jeanne
et André n'ont que sept ans lors de leurs fiançailles. André élevé à la cour de
Naples, révèle un caractère intraitable, et devient bientôt insupportable à la
jeune femme. Couronnée Reine de Naples, en 1343, à la mort de son grand-père,
elle prend pour amant Louis de Tarente également de la Maison d'Anjou. La
présence hongroise arrogante de l'entourage du Prince André irritait les
Napolitains. Une conspiration se noue contre lui, peut-être avec la complicité
de la Reine, en tout cas avec celle de plusieurs princes de sang.
Corrado I
Ruffo de Catanzaro, Chevalier conseiller intime de
Jeanne et l'un des témoins à son couronnement, fait partie de la conjuration. Carlo futur Comte de Sinopoli qui a épousé en 1342 sa cousine Arrigilda Ruffo de Catanzaro, fille de ce Corrado, est aussi compromis
dans cette affaire.
André
de Durazzo meurt étranglé au château royal d'Aversa en 1345, à l'âge de 19 ans.
Alors commence pour Jeanne une vie agitée. Un an après le meurtre de son mari,
elle épouse Louis de Tarente. Aussitôt Louis Roi de Hongrie envahit l'Italie,
moins pour venger l'assassinat de son frère que pour s'emparer du Royaume de
Naples. Par traîtrise, il s'assure de la personne des conjurés. Corrado I est décapité avec d'autres seigneurs. Carlo I Chambellan de la
Reine, est emprisonné pour complicité, puis il est remis en liberté grâce au
témoignage
rendu
en sa faveur par Geoffroy de Marzano, Grand Amiral du royaume, époux de Giovanna
Ruffo de Catanzaro et celui d'un Ruffo qui, aux dires de plusieurs
historiens, était son beau-père Corrado lui-même.
Cependant Carlo I est toujours en danger, et il rejoint la Reine Jeanne qui
s'était embarquée en 1347 pour la Provence afin d'obtenir la protection du
Pape. Il faut savoir que le Roi de France, Philippe le Bel, s'était arrangé pour
obtenir la présence de la papauté à Avignon, en territoire appartenant à
Jeanne I, Comtesse de Provence.
A
ce moment tragique, de 1347 à 1352, la "Grande peste noire" fait 25
millions de mort en Europe. A Naples, 100.000 morts, Avignon 30.000, Paris
80.000, Londres 50.000. En effet, le 1er Novembre 1347, des galères génoises
'pestiférées'
avaient
libéré des rats à Marseille. La Reine Jeanne y débarque en pleine épidémie. On
avait recensé 11.000 morts à Avignon, en un mois et demi, juste avant l'arrivée
de la Reine...
Dès
son arrivée à Aix-en-Provence, elle est arrêtée par un groupe de barons. Louis
de Tarente obtient la libération de son épouse, et celle-ci peut enfin se
rendre à Avignon où elle plaide elle-même sa cause devant le Pape Clément VII.
Ne lui trouvant que des soupçons de culpabilité, le Pape ne la condamne pas, et
traite avec elle. Ayant besoin d'argent, la Reine cède la ville d'Avignon à
Clément VII pour la somme de 80.000 florins, ce qui lui permet de monter une
expédition militaire afin de reprendre possession de son royaume. Expédition à
laquelle prit part Carlo I Ruffo de Sinopoli.
La
guerre contre le Roi de Hongrie se termine en 1352. Après bien des péripéties,
le Prince Louis de Tarente est couronné Roi de Naples. Louis de Durazzo,
beau-frère du comte Carlo Ruffo de Montalto, se met à la tête des
mécontents, et suscite un état de guerre civile. Après plusieurs années de
troubles, il est emprisonné au château Neuf, à Naples, et y meurt probablement
empoisonné.
Le
Roi Louis de Tarente, souverain médiocre, décède la même année, et Jeanne
épouse en troisièmes noces, Jacques de Majorque, Prince d'Aragon. Le royaume de
Naples retrouve un calme relatif, tandis que Louis d'Anjou, frère du Roi de
France Charles V, cherche à se rendre maître de la Provence. En 1370, la Reine
l'apaise en lui laissant "espérer" sa succession. Charles de Durazzo
avait passé plusieurs années à la cour de Hongrie. Il désire venger la mort de
son père Louis dont nous venons de parler. Il est donc une menace pour Jeanne.
Elle résolut de se l'attacher par le lien de l'intérêt, en lui faisant épouser
sa nièce Margherita, et en leur promettant le trône.
Jeanne
adopte donc Charles de Durazzo après avoir fait des promesses au Pape
d'Avignon, et au Roi de France en faveur de Louis d'Anjou...! Inconséquence qui
va lui coûter très cher.
Charles III de Durazzo
Le
Pape Urbain VI à Rome, le Pape Clément VII à Avignon (nous sommes à l'époque du
Grand Schisme d'Occident) ont leur part de responsabilité dans ce drame que fut
la guerre entre la Provence et le Royaume de Naples. Mais Jeanne a commis une
lourde faute en adoptant Louis I d'Anjou au détriment de son neveu et
héritier légitime, Charles de Durazzo. La reine agit ainsi par ressentiment et
sur de simples soupçons de trahison. Une explication franche avec son neveu
aurait pu tout arranger, et l'on eut fait l'économie d'une suite de guerres
désastreuses qui se prolongeront pendant les règnes suivants et sous les Rois
de France Louis XII et François Ier.
La
Provence et le Royaume de Naples auraient alors pu bénéficier d'une économie
prospère contrastant avec la misère qui fut trop longtemps leur sort par la
suite.
Avant
de continuer à narrer brièvement le déroulement de ces dramatiques guerres
dynastiques auxquelles le peuple ne comprenait rien, revenons à l'arrivée en
Provence des Ruffo Comte de Sinopoli qui avaient choisi de suivre le
parti de Louis d'Anjou dès 1370.
Il
s'agit de Guglielmo II né en 1343 et de Luigi né en 1345.
Ils sont fils de Carlo I Ruffo de Sinopoli et d’Arrigilda Ruffo de Catanzaro (Luigi serait un Ruffo ancêtre des comtes de Laric
marquis de Courbons, une branche française éteinte au XIXe.
L’existence de ce Luigi est contestée en tant que Ruffo par Montgrand p179 mais il est cité par Papon. Il a sa place
dans la généalogie Ruffo de Litta).
Il y a aussi Ruggiero, chambellan de la Reine Jeanne I, demi-frère
de Carlo, et frère de Folco IV. Son épouse dont on ne
connaît pas le nom doit être d’origine provençale puisqu’elle donne à ses
enfants des prénoms de cette région : Poncet et Delphine. Ceux-ci
accompagnent leur père en 1370 lors de son départ pour la Provence. Delphine épousera Pierre Monge de Velaux, gentilhomme provençal.
Ruggiero meurt en Provence avant 1381.
Nous
pensons que l'on peut dater l'établissement définitif de cette branche de la
Famille en Provence aux alentours de l'année 1370. Louis I d'Anjou à cette
date est adopté par la reine. Au contraire, les fils de Carlo I ont
tout à redouter de
l'accession
au trône de Charles de Durazzo, ennemi de leur père, et nous voyons Guillaume II épouser en 1371 Catherine, fille du seigneur Bertrand d'Allamanon.
Ils auront une fille également prénommée Catherine ou Catherinette.
En
1381, Guillaume II pour assurer l'avenir de cette fillette âgée de
neuf ans, déjà orpheline de sa mère, lui choisit pour mari Poncet Ruffo,
fils de son oncle Ruggiero. Et comme il ne reviendra pas de cette aventure
hasardeuse que fut la guerre entre Naples et la Provence, on peut dire qu'il
fut bien inspiré !
Fidèle
à Louis I, Guillaume II mourra en Italie, probablement en 1383
(voir plus loin), sans avoir pu rentrer en possession des fiefs de son père.
Les
archives Ruffo de Bonneval conservent un acte authentique daté du
Cet
acte rédigé en latin énonce que :
« Moi Guillaume Ruffo chevalier originaire de Calabre, fils de feu magnifique
et puissant seigneur, Carlo Ruffo Comte de Sinopoli, assure que voulant
me rendre à Naples d'une manière hostile et ennemie, avec Monsieur le grand
Sénéchal de Provence et plusieurs autres gens de guerre, nobles et magnats de ladite
province, pour aller secourir la Sérénissime Reine Jeanne qui, dit-on, est
assiégée par Carlo de Durazzo dit de la Paix qui veut envahir son royaume. À
ces causes, voulant et désirant, tandis que je suis en vie, disposer avant ma
mort d'une partie de mes biens, tant par raison de consanguinité (ou les liens
de sang) que de la sincère affection que j'ai toujours eue envers vous, noble
damoiseau Poncet Ruffo, fils de feu Roger Ruffo, chevalier, mon
oncle, depuis le jour qu'il est près de moi, que aussi en vue du futur mariage
qu'il a été convenu et non encore célébré entre vous, ledit Poncet,
d'une part, et noble Catherine, ma fille unique et très chérie, d'autre
part, lequel mariage sortira à son plein et entier effet en face de la sainte
mère l'Église et sera par vous consommé lorsque ladite Catherine, ma
fille commune, et de feue noble Catherine d'Allamanon mon épouse, aura
accompli sa seizième année. etc...
Et
moi Guillaume donne tous mes biens situés en Provence, ma patrie, et
particulièrement le fief de Lamanon, que j'ai reçus de Bertrand d'Allamanon,
mon beau-père, pour la dot de ma femme Catherine, fille dudit Bertrand,
à vous Poncet Ruffo, mon cousin et futur gendre, à condition de
renoncer, ainsi que vous l'avez promis, à tous les biens que moi, Guillaume,
possède de l'héritage de feu magnifique seigneur, mon père, tant dans la ville
de Naples que dans le Royaume de Sicile. Voulant encore que vous, ledit Poncet,
demeuriez fidèle à la sérénissime Reine de Jérusalem et de Sicile, et
au sérénissime Prince Louis d'Anjou, que ladite Reine a désigné pour son
successeur et héritier de ses royaumes et comtés, et que vous portiez les armes
et fassiez la guerre à leurs ennemis... »
Cet
acte capital de 1381 confirme, à ce moment, la mort de Carlo, de Ruggiero et aussi de Catherine d'Allamanon. Il nous apprend que Carlo fut le
deuxième Comte de Sinopoli. Poncet y est qualifié de damoiseau, terme
des plus nobles, signifiant « aspirant chevalier ». D'après
les termes de l'acte, on devine que Guillaume II a non seulement
l'intention de reconquérir ses fiefs en Calabre, mais qu'il désire aussi se
remarier et y faire souche. Il n'a que trente-huit ans! Voulant assurer
l'avenir de sa fille Catherine, héritière de sa mère, il choisit comme
fiancé légal Poncet Ruffo son cousin, moyennant certaines conditions
bien
stipulées
dans un acte officiel.
Poncet est un homme d'honneur, il sera fidèle à toutes les promesses faites à son
cousin et futur beau-père. C'est un homme de paix, il ne participera pas aux
guerres de Louis I et de Louis II. En 1387, il épouse Catherine.
Il assiste aux états généraux de Provence, en 1396, et prête hommage entre les
mains du Roi Louis II, en 1399.
Ce
que l'acte de 1381 ne dit pas, c'est que probablement pour affirmer sans aucune
équivoque qu'il renonce à tous les biens éventuels de son beau-père dans le
royaume de Naples, Poncet change d'armoiries tout en gardant devise et
cri de guerre: « Vis unita fortior » et « Nobilissima
et vetustissima ». Il prend d'argent à trois pals de gueule, à la
bande d'azur brochant sur le tout, chargée de trois besants d'or. Sans doute en
souvenir du fait d'armes de la croisade dont nous avons déjà parlé. En 1417,
son cousin Nicola Ruffo de Calabre, Comte de Catanzaro, Marquis de
Crotone, le mandate comme fondé de pouvoir afin de lui acheter un îlot de
maisons dans la ville d'Avignon. Poncet Ruffo fut inhumé dans le cloître
des Pères Cordeliers de Salon en 1423, ville où il s'était établi.
Le
fief de Lamanon, en Provence >
Il
reste à Lamanon, (fief du diocèse d'Avignon) quelques vestiges du château
féodal du XIIe siècle: les ruines des murs d'enceinte, des grottes
qui servaient de dépendances et une petite chapelle romane. Les Ruffo de
Lamanon du XVe siècle ont fait restaurer cette chapelle. Situés en
zone rouge (risque d'incendie), ces souvenirs émouvants ne peuvent pas être
visités en juillet-août.
Poncet eut deux fils, Antoine et Jean dont descendent les Ruffo de Lamanon, ceux de Beauvezet, branches éteintes aujourd'hui, et les Ruffo de Bonneval, Marquis de La Fare, présents en Belgique au XXIe siècle. Il est intéressant de rappeler que les descendants de Poncet et Catherinetta ont pour ancêtres deux poètes du XIIIe siècle: Fulco I Ruffo dont nous avons évoqué les mérites plus haut, et Bertrand d'Allamanon qui est
selon Papon (p. 437 et 443) le "troubadour le plus connu de Provence".
Comme
tout bon troubadour, il chantait l'amour de 'sa belle', mais on a aussi de lui
bon nombre de considérations politiques fort pertinentes. Il jugeait sévèrement
Charles I qu'il avait suivi en Italie dans sa conquête du Royaume de
Naples. C'était en 1265. Il a probablement été frère d'armes de Fulco I rallié à Charles I, et l'on peut imaginer les deux troubadours échangeant
des rimes au cours d'une joute d'esprit à la mode du temps...
En
1796, les descendants de Poncet et Catherinetta, lors d'un
jugement rendu à la cour de Naples, seront reconnus comme authentiques
descendants du Comte Guglielmo I Ruffo de Sinopoli, et autorisés
dès lors à reprendre leurs anciennes armes, en écartelant celles-ci avec celles
prises par Poncet.
En 1375, Jacques
d'Aragon étant décédé, Jeanne I convole en quatrièmes noces avec un
excellent militaire, le Prince Othon de Brunswick. Ce mariage inquiète Charles
de Durazzo. Le Pape Urbain VI, à Rome, l'invite à renverser
Jeanne. La Reine l'apprend et décide de reconnaître le Pape Clément VII à
Avignon, favorisant ainsi le drame qui allait diviser la chrétienté jusqu'en
1416. C'est ce qu'on a appelé « le grand schisme d'Occident ».
Urbain
VI à Rome excommunie Jeanne, la déchoit de la royauté et offre son trône à
Charles de Durazzo. Celui-ci fait appel au Roi Louis de Hongrie pour conquérir
le pays. La réaction de Jeanne est immédiate. Elle adopte Louis d'Anjou et le
pape Clément VII ratifie les lettres d'adoption.
Presque toute la noblesse napolitaine se déclare pour Charles qui est né dans
le pays, d'autant plus qu'elle craint l'arrivée au pouvoir d'un prince
français. Charles III est couronné à Naples en 1381. Il assiège la Reine
et sa cour réfugiées dans le Château Neuf en attendant les secours promis par
Louis d'Anjou.
À
la tête des troupes napolitaines, le Prince Othon, son époux, cherche à dégager
le château, mais il est fait prisonnier et la Reine est reléguée au château de
Muro, en Basilicate. Jeanne connaît une fin tragique en 1382. Son neveu
Charles III ordonne qu'elle soit étouffée entre deux matelas. Cette
malheureuse princesse avait de brillantes qualités mais elles furent ternies
par ses passions. Les faiblesses de l'amour et les emportements de la haine
furent la source de tous ses malheurs et l'empêchèrent de discerner quel était
le bien véritable de ses peuples.
Louis I d'Anjou |
Charles III de Durazzo |
La
mort de Jeanne I est tenue secrète. Louis d'Anjou l'ignore lorsqu'il
arrive en Italie à la tête de 40.000 hommes. Un grand nombre de seigneurs
Napolitains viennent se ranger avec leurs vassaux sous sa bannière. L'armée se
trouve alors forte de 65.000 chevaux. C'est plus qu'il n'en faut pour conquérir
le royaume. Mais il faut forcer des défilés, assiéger des places, se diviser en
plusieurs corps pour subsister. Un premier engagement sérieux permet aux
français de pénétrer en Pouilles.
Rusé,
Charles III prend dès lors le parti de refuser le combat. L'armée
française, découragée par l'inaction, s'affaiblit de jour en jour par les
désertions et la famine. Charles III s'empare finalement de certains défilés,
resserrant l'armée adverse dans ses camps où celle-ci manque bientôt de
fourrage et de vivres.
Les
maladies apparaissent et il n'y a plus d'argent. Néanmoins les Français
pénètrent dans la plaine de Foggia. Louis propose jusqu'à dix fois la bataille
à son adversaire, en vain. Finalement, malade et accablé de chagrin,
Louis I d'Anjou, Roi de Naples et de Sicile, meurt à Bari en 1384.
Après
sa mort, les seigneurs proclament son fils Louis II, Roi de Naples; il n'a
que sept ans! Ils conduisent l'armée rangée en bataille devant Barletta où
Charles III s'est enfermé. Celui-ci ne sort pas de la ville. Les troupes
angevines, déconcertées, se retirent alors dans les places qu'elles ont
conquises dans les Abruzzes, dans la terre de Bari, etc. Mais presque tous les
Français rentrent chez eux.
Guillaume II
Ruffo s'était engagé avec Louis I d'Anjou à la
conquête du Royaume de Naples, dans le but clairement avoué de récupérer les
biens de son père, tant à Naples qu'en Calabre (voir acte de donation à son
cousin Poncet). On peut supposer que les dispositions de Louis I à son
égard se sont matérialisées dès l'arrivée en Italie, en 1382, et qu'il ait été
fait par le Roi Comte de Sinopoli, fief à reconquérir! Toutefois il mourut peu
de temps après.
Caridi
donne (p. 25) un détail fort intéressant :
« L'adhésion
aux Durazzo coûta à Fulco IV la confiscation par Louis II (en
réalité Louis I) du Comté de Sinopoli. Lequel en septembre 1383 l'offrit
au noble provençal Jean de Baume Seigneur de la Vallière. »
L'investiture
des fiefs dépendait du bon plaisir des rois qui récompensaient ainsi les
services de leurs fidèles, tout en maintenant ces fiefs autant que possible
dans la famille d'origine.
C’est
une bonne politique familiale que les différentes branches d’une maison
prennent parti pour l’une ou l’autre des dynasties rivales afin de maintenir
dans leur lignage les fiefs qui dépendent du souverain.
Le
fief de Sinopoli est donc concédé en septembre 1383 à un seigneur de la suite
de Louis I. Il nous parait évident qu'à cette date, Guillaume II,
après avoir sans doute été un éphémère troisième Comte de Sinopoli, est décédé,
soit sur le champ de bataille, soit comme tant d'autres, de maladie. Le rêve
napolitain a pris fin, mais en prévoyant les épousailles de sa fille Catherinetta avec son cousin Poncet, Guillaume II s'est assuré une
descendance de son nom en Provence.
Le
royaume de Naples sortait des guerres appauvri, divisé et décimé.
Charles III de Naples suscite des difficultés à Louis II d'Anjou et
s'est assuré une grande partie de la Provence par une trêve. Désormais il se
sera plus inquiété dans ses propres états.
Charles III
avait d'immenses qualités mais son ambition démesurée ne lui permit pas de les
déployer. La noblesse de Hongrie, insoumise à la Reine Élisabeth, lui offre la
couronne de ce pays. Quoique plusieurs raisons devaient le
retenir à Naples, il part pour Budapest où il noue quelques intrigues.
Dissimulant sa haine, la Reine Élisabeth l'invite chez elle. Il s'y rend sans
méfiance, et est abattu d'un coup de sabre le
Château de Scilla v
A la mort de Charles III, en 1386, qui suit de deux ans celle de Louis
d'Anjou, les deux royaumes frères de Naples et de Provence sont dans une
situation paradoxale et critique.
(1389-1417) En Provence : |
(1385 - 1414) A Naples : |
Un enfant de douze ans, Protégé par le Pape
Clément VII d'Avignon
Menacé dans ses
états |
Un
enfant de onze ans, Protégé par le Pape
Urbain VI Menacé dans ses
états |
Et
tous les deux élevés dans la haine l'un de l'autre…
Louis II d’Anjou |
Ladislas de Naples |
Ladislas
de Naples >
Nous
sommes en l'année 1385. La Reine Marie, épouse de Charles III assassiné à
Budapest, est régente. Elle cherche à rallier autour de son jeune fils Ladislas
les seigneurs qui avaient combattu pour Louis I. Elle confirme Niccolo Ruffo
de Calabre, Comte de Catanzaro, dans tous ses fiefs et le nomme Vice-roi
des Deux Calabres. Il reçoit le titre de Marquis de Crotone en 1390, titre
rarissime à l'époque, et est investi des terres que sa tante Giovanna Ruffo,
déclarée « rebelle », a perdues ayant pris le parti des Anjou
et refusant de se soumettre. Il est un des plus puissants seigneurs du royaume.
La
régente offre à Othon de Brunswick sorti de prison, quatrième mari de la Reine
Jeanne I, la conduite des armées avec un pouvoir absolu. Othon reconquit
Naples et plusieurs provinces encore aux mains des partisans de Louis II.
Mais hélas le pays est ravagé, la Reine et ses enfants sont dans la misère.
En
Provence, la situation n'est guère meilleure. Les villes se révoltent à
l'instigation des alliés de Ladislas, parmi lesquels les très puissants Jean et
Louis Grimaldi. Nous rappelons qu’il y eut plusieurs alliances matrimoniales
entre les Grimaldi de Monaco et les Ruffo. Louis II d'Anjou
couronné à Avignon en 1389 par le Pape Clément VII, reprend la guerre contre
Naples.
Niccolo,
Comte de Catanzaro rejoint la cause d'Anjou, ainsi que d'autres seigneurs parmi
lesquels nous trouvons son frère Giovanni Ruffo, de l'ordre de Rhodes
(Malte), Prieur de Ste Euphémia d'Aspromonte (Comté de Sinopoli); Giovanni Ruffo,
Seigneur de Bovalino, et ses fils Niccolo et Enrico; son frère Fulco
Ruffo; Giovanni Ruffo, Seigneur de Condoianni; Niccolo Ruffo,
Seigneur de Badolato, et encore son frère Stefano,...
Neuf
années de guerre, avec des alternatives de succès et de revers pour chacun des
adversaires, aboutissent en 1399 au rapatriement de Louis II en Provence
avec le reste de son armée...
Ladislas
résolut de marcher contre les barons rebelles. Le premier contre lequel il
sévit est Niccolo, Comte de Catanzaro et Marquis de Crotone, qui possède
en Calabre plus de quinze villes et quarante châteaux. Ladislas le dépouille de
ses biens, lui promettant de les lui rendre s'il se soumet.
Tour du château de
Crotone
Niccolo persiste dans sa fidélité envers Louis II d'Anjou. Il confie aux français
Crotone et Reggio qui résistent encore, et il passe en Provence à bord d'un
navire de Louis.
En
récompense de sa fidélité, il reçoit du Roi, en 1405, l'importante Baronnie de
Berre avec toutes les seigneuries avoisinantes : Martigues, Lançon, Rognac,
Barbentane,... En secondes noces, il va épouser Marguerite de Poitiers, famille
illustre et puissante, alliée à la Maison royale d'Anjou.
En
1411, Louis II toujours accompagné de Niccolo de Catanzaro,
débarque à nouveau en Italie avec le soutien du Pape Jean XXII. Papon cite:
« le Marquis de Crotone parmi les personnes de considération qui
partageaient avec le Roi Louis le commandement de cette armée. ».
Le
choc a lieu près de Monte Cassino. La bataille est un terrible corps à corps.
Les français, plus intrépides, enfoncent les napolitains.
Le
Roi Ladislas s'enfuit à pied laissant sur le champ de bataille l'élite de ses
soldats et parmi les prisonniers, dix comtes et plusieurs seigneurs de marque.
Mais Louis II ne peut tirer parti de sa victoire à cause de ses
hésitations. Il laisse à Ladislas le temps de se ressaisir et de se fortifier
dans San Germano. Ladislas répète la tactique efficace mais peu glorieuse qui
avait donné à son père Charles III la victoire sur Louis I : il
bloque les défilés que les français doivent traverser pour atteindre le
royaume. Minés par la famine, les désertions, condamnés à l'inaction,
Louis II et ses troupes se replient épuisés en Provence.
Louis II
meurt à Angers en 1417 laissant trois fils : Louis III d'Anjou, qui
reprendra la guerre, René dit Le Bon, qui régnera à Naples, et Charles, Comte
du Maine qui épousera en 1434 Cobella III Ruffo, nièce de la Reine
Jeanne II.
Louis
d'Anjou a aussi des filles : Marie qui épousera Charles VII, Roi de France, et
Yolande qui épousera le Duc de Bretagne. Cobella III Ruffo de
Montalto devient ainsi par son mariage avec Charles la belle-sœur de trois
rois. Nous parlerons d'elle plus loin.
Débarrassé
de Louis II, Ladislas se tourne contre les États Pontificaux dont il
chasse le pape en 1413. Il s'éteint en 1414 laissant le trône à sa sœur
Jeanne II, dernière héritière.
La
Provence est appauvrie, dévastée à la suite des guerres, le commerce anéanti,
la population décimée par la grande peste noire est réduite à trois cent mille
habitants,. Quant au royaume de Naples, ce n'est guère mieux.
Charles II le Sage et Robert le Bon sont les seuls Princes d'Anjou à
laisser de bons souvenirs à leurs sujets.
Nous
avons parlé des Ruffo fixés en Provence qui vont y faire souche, et s'y
maintiendront jusqu'au XIXe siècle avant de s'établir en Belgique.
Mais qu'en est-il de ceux restés à Naples?
Les
Ruffo du Royaume de Naples
A la fin du XIVe siècle, il y a trois branches principales:
1) Les Ruffo Comtes de Catanzaro,
représentés surtout
par Niccolo, marquis de Crotone, branche aînée;
2) Les Ruffo Comtes de Montalto, parents du Roi Charles III;
3) Les Ruffo Comtes de Sinopoli, qui se subdiviseront en
plusieurs branches par la suite
et sont les ancêtres des Ruffo des Temps Modernes.
Les Ruffo de Montalto sont issus de la branche des Comtes de Catanzaro. En
1327, Giordano devient le 1er Comte de Montalto. Capitaine Général, il
fut armé Chevalier par le Roi Charles II. Il est enseveli à Naples dans la
chapelle
des Ruffo.
Son
fils Carlo I, 2ème Comte de Montalto, épouse Laudune de
Sabran, cousine du Roi Charles I, puis Giovanna Sanseverino, sœur de
Marguerite, mère du Roi Charles III de Durazzo. Par ce mariage, Carlo I devient cousin germain du Roi.
Antonio,
3e Comte de Montalto, hérite des vastes fiefs de ses parents. Il est
un des plus importants seigneurs du royaume. Le Roi Charles III, son
cousin, le nomme conseiller dès son accession au trône. En 1381, il le nomme
Capitaine Général, et Vice-roi de Calabre, et lui concède les fiefs de
plusieurs seigneurs qui avaient pris le parti de Louis d'Anjou. Il épouse
Giovanella, une Sanseverino.
Leur
fils Carlo II épouse Ceccarella, aussi une Sanseverino; et leur
fille, Cobella II, épouse encore un Sanseverino, du nom de
Ruggiero, Duc de San Marco.
Ces
nombreuses alliances avec la puissante famille Sanseverino font partie d'une
politique matrimoniale qui tend à tisser des liens familiaux capables
d'accroître la
puissance
de la Famille Ruffo, tant par l'influence politique que par les
possessions domaniales. Ainsi en est-il des trois Cobella Ruffo de
Montalto que nous désignons par les chiffres I, II et III,
afin de ne pas les confondre. Pour la bonne compréhension du texte, il est
utile de consulter ici la généalogie Ruffo de Montalto.
Cobella
I, fille de Giordano, épouse Corrado d'Antioche,
puissant seigneur apparenté à la maison royale de Souabe, arrière-petit-neveu
de Frédéric II, empereur et Roi de Sicile.
Cobella
II, Comtesse d’Altomonte et de Corigliano, Duchesse
de San Marco, par son mariage avec Roger Sanseverino, est la fille d'Antonio,
3ème Comte de Montalto. Elle est une intime de la Reine Jeanne II.
Une
magnifique pierre tombale située dans la chapelle des Sanseverino de l'église
des dominicains d'Altomonte en Calabre en rappelle le souvenir. On peut y lire
l'inscription suivante :
« Issue
de l'illustre race des anciens Ruffo et unie par le sang à nos Rois, la
Comtesse Cobella, que la Reine Jeanne tint en grande amitié, jadis
épouse du puissant Comte Ruggiero, et mère du Duc de San Marco, repose dans ce
tombeau de marbre, pleine d'années et en compagnie de ses vertus. Juillet
l'enleva tandis que le soleil brûlait sous le signe du Lion, de l'an du
seigneur
MCCCCXXXXVII ». (=1447)
Une
petite parenthèse pour souligner les mots : « issue de l’illustre race
des anciens Ruffo ». Serait-ce
une allusion à l’ascendance romaine de la famille. Opinion admise à cette
époque. Nous savons aujourd'hui que cette grande dame, héritière des comtés
d'Altomonte et de Corigliano, a également été mécène. C'est à elle que l'on
doit un très beau retable (de la passion du Christ) datant de 1410 qui se
trouve dans le cloître de l'ancienne et splendide église Santa Maria della
Consolazione à Altomonte, aujourd'hui aménagé en musée.
Carlo,
5ème Comte de Montalto eut deux filles, Polissena et Cobella III.
Les deux sœurs sont cousines de la Reine Jeanne II. Mais leur intimité avec
celle-ci était telle qu'on les surnommait les « nièces de la reine ». Polissena, après avoir épousé le Grand Sénéchal du Royaume, Jacques de
Mailly, convole en deuxième noces avec Giovanni Francesco Sforza, futur Duc de
Milan, dont la mère est une Visconti. Par malheur, elle meurt en donnant le
jour à une petite Antonia qui n'a pas survécu. Les biens immenses des Ruffo de Montalto passèrent alors à sa sœur Cobella III.
Les
mariages des deux sœurs ont une raison politique. L’immense fortune Montalto
doit rester entre les mains de ceux que la reine veut favoriser. Cobella III
vécut auprès de la Reine Jeanne II. Nous reparlerons d'elle au chapitre
« Les
Ruffo au XVe siècle ».
Ville d’Altomonte >
Au
sujet des Ruffo Comtes de Sinopoli, Livio di Serra, Prince de Gerace,
cite Fulco IV comme 4ème Comte. Il est fils de Guglielmo I, 1er
Comte de Sinopoli, et d'Eloïsa d'Erovilla. Il épouse Cobelle d'Alife,
puis Martuscella Caracciolo, puissante famille napolitaine qui s'alliera de
nombreuses fois avec les Ruffo. On ne lui connaît ni charges à la cour
ni commandement dans l'armée, mais il est évident que Fulco IV a suivi
ses cousins Montalto en soutenant le parti de Charles III. Son neveu Guillaume
II guerroyait dans le Royaume de Naples à la suite de Louis I d'Anjou qui
l'investit en 1382 Comte de Sinopoli (Livio di Serra le donne pour tel). Mais
finalement Charles de Durazzo investit Fulco IV en tant que Comte de
Sinopoli en 1383. Celui-ci adopte pour devise « Omnia bene ».
Sa
descendance est encore importante au XXIe siècle. Citons en particulier Donna Paola
Ruffo di Calabria des Princes de Scilla, qui épouse le Prince Albert de
Belgique et deviendra la sixième Reine des Belges.
De la branche des Ruffo Comtes de Sinopoli sont issus les nombreux rameaux suivants :
Les Princes de
Scilla,
devise: « Omnia Bene »
Les Princes
della Scaletta,
devise: « Vis unita Fortior »
Les Ducs de
Bagnara,
devise: « Vis unita Fortior » (branche
éteinte);
Les Princes
della Floresta,
devise: « Vis unita Fortior »
Les Princes de
Castelciccala,
devise: « Nunquam retrorsum » (branche
éteinte);
Les Ducs de
Baranello (branche éteinte).
Le
cimier est commun à toutes les branches de la Famille, en Italie comme en Belgique.
Rappelons
ici le cri de guerre et la devise des Ruffo
de Bonneval de La Fare issus
des Ruffo de Sinopoli qui sont:
« Vis
unita Fortior » et « Nobilissima et Vetustissima »
Château de Scilla