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Chapitre II
Il
est historique que la Calabre à été reconquise par Byzance à la fin du Xe
siècle. Ne peut-on admettre que la tradition familiale n’est pas une utopie
lorsqu’elle affirme que les Rufo de
Byzance sont ces stratèges envoyés par les empereurs Tzimiscès et Basile II à
la reconquête de ces terres anciennement grecque, pendant qu’eux même
guerroient en Asie Mineurs.
Il
y a une présence Rufus en Calabre dès le Xe siècle comme l’affirme Léon
évêque d’Ostie auteur de la chronique Cassinienne.
D’autre
part en 1049, on connaît un certain Adhémarus Rufus, ce qui est attesté
par un document conservé à la bibliothèque Angélica de Rome manuscrit 276 folio
310.
En
des temps aussi reculés et aussi obscurs il n’est pas possible de prouver une
telle origine par des documents incontestables comme le seront plus tard les
archives paroissiales des XIIe et XIIIe siècles.
Cependant
une tradition familiale existe, reconnue par de nombreux auteurs. Autrefois les
événements du passé se transmettaient oralement ce qui fait la base d’une
tradition familiale et celle-ci croit en l’origine Byzantine de la famille.
Cependant des auteurs contemporains sérieux Pontieri, Caridi sont tout à fait
réticents à se sujet et proposent à titre « d’hypothèse » une origine
Normande sans présenter de preuve à l’appui, faut-il le dire ; (Caridi
page 6).
Ils
rejettent aussi comme « assez incertaine » la chroniques Cassinienne
qui est une base sur laquelle s’appuie cette tradition. Or qui dit
« incertaine » ne dit pas « fausse » ou
« inexistante » (à vérifier dans l’avenir).
Du
IV au Xe siècle la tradition familiale soutient que les ancêtres des Ruffo Calabrais ont vécu à Byzance.
Que
peut-on en dire ?
En
remontant le cours des siècles, quelques renseignements fournis par les livres
de Famille nous donnent de précieuses indications qui se révèlent exactes
lorsque nous les confrontons à l'histoire.
Suivantes de l'Impératrice >
Raison 9(a) de l’origine Byzantine des Ruffo :
1)
La tradition familiale rapporte que « Marcus Antonius Rufus,
un des illustres capitaines de l'empereur Justinien II se bat
victorieusement en Macédoine. Il est privé de ses fonctions par Léontius et est
assassiné alors qu'il sort de Sainte-Sophie ».
L’histoire
affirme que cet assassinat a lieu en 695. Léontius, stratège d'Anatolie, a
renversé Justinien avec une troupe de malfaiteurs sortis de prison à cette
occasion. Justinien II, despote cruel, est exilé après avoir eu le nez
coupé. Que
ses
proches collaborateurs, dont Marcus Antonius Rufus soient entraînés dans
la tourmente n'a rien d'étonnant. On peut supposer que le palais de celui-ci se
trouvait à proximité de St-Sophie où il se rendait à pied sans armes, lieu
idéal pour un assassinat. La Tradition rejoint ici l’histoire.
Raison 9(b) de l’origine Byzantine des Ruffo :
2)
Toujours d'après la tradition familiale, au Ve siècle « Lucius Antonius Rufus, général de l'empereur Valentinien III
combat contre Genséric, roi des Vandales ».
L’histoire
affirme que l'impératrice Galla Placidia dont le merveilleux mausolée se trouve
à Ravenne, était fille du grand Théodose, empereur d'Orient et d'Occident. Son
fils Valentinien III mal élevé, trop jeune pour gouverner, laisse sa mère
exercer la régence pendant trente-cinq ans. Sous son règne, le comte Boniface,
gouverneur de l'Afrique du Nord, fit appel aux Vandales, alors en Espagne, pour
se venger de l'impératrice à la suite d'une disgrâce. Mais il se repentit et
essaya d'arrêter l'invasion des Barbares en appelant les troupes romaines à
l'aide. Celles-ci (sous les ordres de Lucius Antonius Rufus ?) sont
vaincues en 431 et contraintes à se rembarquer pour Rome.
Genséric
conquit l'Afrique. Puis en 455, c'est au tour de la Ville Eternelle d'être
attaquée. Le Pape Saint Léon obtient la vie de ses habitants mais la ville
subit un sac de quatorze jours. Le mot vandalisme est depuis lors entré dans le
langage
courant.
Byzance devient définitivement la nouvelle Rome. Entre une tradition familiale
et l'histoire, il n'y a pas de contradiction.
Raison 9(c) de l’origine Byzantine des Ruffo :
3)
D'après la tradition familiale, « Au IVe siècle, Lucius Rufus était capitaine de l'Empereur Constantin II dans la guerre en Dalmatie, et
fils de Marcus Antonius », dont nous parlerons ensuite.
L’histoire
affirme que Constantin II, dit Le Jeune, reçoit à la mort de son père
Constantin le Grand, en 327, les Gaules, l'Espagne et la Grande Bretagne. Il
est tué en 340 dans une embuscade près d'Aquilée alors qu'il voulait s'emparer
des états de son frère l'empereur Constant, c'est à dire Dalmatie, Italie,
Afrique. Aquilée, est à l'époque une ville très importante, porte sur
l'Adriatique et sur la Dalmatie. Lucius Rufus participe donc à cette
guerre fratricide et est vaincu. La tradition familiale coïncide cette fois
encore avec la réalité historique.
Raison 9(d) de l’origine Byzantine des Ruffo :
4)
D'après la tradition familiale, au IVe siècle « Marcus Antonius I Rufus, général de Constantin
le Grand, combat contre Maxence. Il participe à la grandeur de cet empereur et
aussi au triomphe du christianisme ».
L'histoire
affirme que Constantin, fils de Constance Chlore, Auguste d'Occident et de
sainte Hélène, était l'instrument choisi par Dieu pour changer
le destin de l'empire romain et l'histoire du christianisme. L'immensité et la
complexité de l'empire romain exigeaient la division de son gouvernement entre
deux Césars, les empereurs et deux Augustes, les dauphins. C'est la tétrarchie.
A la mort de son père lors d'une campagne militaire en Angleterre, les légions
proclament Constantin "Auguste", sans que l'empereur Galère
soit consulté.
< Pièce de
monnaie Constantin Ier
De
brillantes victoires sur les Alamans et les Francs achèvent de lui assurer le
dévouement de ses troupes. Mais il doit conquérir le trône sur ses rivaux,
principalement Maxence. Son armée était constituée de quarante mille gaulois et
germains. Il franchit les Alpes; Turin, Milan, Modène ouvrent leurs portes.
Puis il descend vers Rome où l'attend une armée de cent mille mercenaires
hâtivement rassemblés par l'empereur Maxence.
Peu
avant la bataille décisive du Pont Milvius, en 312, Constantin eut en plein
jour la vision d'une croix lumineuse avec ces mots en grec « Par ce signe,
tu vaincras ». La victoire contre Maxence est totale. Celui-ci périt dans
les eaux du Tibre au cours d'une retraite précipitée. Tout Rome acclame le
vainqueur.
Dans
son cœur, Constantin est gagné au Christ et toute sa politique dès lors
encourage et même s'appuie sur le christianisme, jusqu'alors persécuté et
honni. Avec l'édit de Milan, le christianisme devient le ciment de l'Empire.
Il
semble aussi que ce soit sous l'inspiration divine, il l'a toujours affirmé,
qu'il transfère sa capitale dans la lointaine Byzance, admirablement située au
croisement de l'Occident et de l'Orient.
Cette
ville qu'il rebaptise Constantinople, d'une beauté prodigieuse, est construite
en six ans. L'empereur y concentre l'administration de son immense empire. Les
générations suivantes considèrent cette fondation comme une intuition de génie
car l'empire Romain d'Occident, quant à lui, ne résistera pas à la poussée des
Barbares.
Marcus
Antonius I Rufus devait être un officier de Constance Chlore
dans cette partie de l'empire, la Gaule, épargnée par la terrible persécution
de Dioclétien. II contribue alors tout naturellement à l'élection de son fils
Constantin. Ensuite, il participe avec lui aux campagnes victorieuses au nord
de l'empire, le passage des Alpes, la descente vers Rome, la victoire du Pont
Milvius et le triomphe du christianisme.
Raison 9(e) de l’origine Byzantine des Ruffo :
Jusqu'à
présent, les Rufus avaient généreusement contribué à la diffusion
clandestine du christianisme. Maintenant ils le font au grand jour aux côtés de
l'empereur. L'amitié nouée dans les camps, au fil des victoires, se consolide
dans une foi commune. Et lorsque Constantin fait de Constantinople (l'ancienne
Byzance) sa nouvelle Rome, il récompense ses fidèles par des dons en terres,
auxquelles était attachée la dignité sénatoriale. Il fait construire pour eux
des demeures fastueuses, proches de son palais et de Sainte Sophie, le long de
la « Mésé », la fameuse artère principale de Constantinople. Dès lors
une branche des Rufus Romains serait
devenue Byzantine.
Constantinople
On
peut penser que Marcus Antonius I à Byzance, en 326, et plus tard Giovanni
Fulconio en Calabre en 970, sont les deux hommes providentiels auxquels la
Famille doit sa survivance jusqu’à aujourd’hui.
Raison 9(f) de l’origine Byzantine des Ruffo :
Marcus
Antonius I, fondateur d'une lignée dans l'empire
d'Orient, voit son prénom et celui de son fils Lucius réapparaître
régulièrement au cours des siècles, à Byzance et en Italie.
Ainsi:
Au IVe siècle Marcus Antonius I Rufus
Egalement au IVe siècle Lucius Rufus
Au Ve siècle Lucius Antonius Rufus
Au VIIe siècle Marcus Antonius Rufus
Ensuite,
passant en Calabre, nous le trouvons pas moins de trente-deux fois sous la
forme d’Antonio, Antonello ou accolé à un autre prénom. Citons
entre autre Marco Antonio seigneur de Badolato. Ce sont généralement les
aînés qui reçoivent ces prénoms de Famille: Fulco ou Antonio,
pour rappeler les grands ancêtres.
Nous
avons ainsi Guglielmo Antonio 1er comte de Sinopoli; Fulco
Antonio le 13e comte de Sinopoli; Fulco Giordano Antonio 14e comte
de Sinopoli. Le premier Ruffo della
Scaletta porte le prénom d'Antonio qui sera repris par de nombreux
descendants. De même, dans la branche de la Famille passée en Provence, le fils
aîné de Poncet Ruffo d'Allamanon porte également le prénom d’Antoine I ainsi que son petit-fils Antoine II.
Cette
continuité dans les prénoms constitue une sorte d'état civil au niveau
familial. C'est un argument intéressant permettant de valoriser la thèse de
l'origine byzantine des Ruffo.
Raison 9(g) de l’origine Byzantine des Ruffo :
Un
autre argument en faveur de cette origine; sur quatre prénoms de militaires
cités plus haut, trois d'entre eux sont des vaincus. Lucius Rufus perd
la guerre de Dalmatie, Lucius Antonius est battu par Genséric, et Marcus
Antonius est assassiné par l'empereur Léontius.
Dans
une famille, on aurait plutôt tendance à mettre en évidence des faits glorieux
et à masquer les échecs. Ici, ce n'est pas le cas, on raconte et on retient des
faits parce qu'ils ont réellement existé, et qu'ils ont frappé les esprits. On
peut donc penser que les Ruffo ont vécu à Byzance, témoins et acteurs de
ses gloires et de ses malheurs.
En
conclusion nous remarquons que la tradition familiale en ce qui concerne la
période Byzantine ;(IVe au Xe’s) concorde parfaitement avec l’histoire ce
qui nous permet de la croire exacte !
Ne
peut-on en déduire dès lors que l’arrivé en Calabre de Giovanni Folconio Rufus avec les Byzantins,
l’est également. Cela semble logique.
Remarque importante
Il est capital de
souligner combien, ces détails transmis oralement par des générations
d’ancêtres, sont, dans leur sobriété et leur conformité à l’histoire, criant de
vérité ! La tradition familiale se trompe cependant lorsqu’elle les fait
descendre l’un de l’autre en tant que père et fils, ce sont plutôt des aïeux
répartis sur plusieurs siècles (IVe au Xe) excepté pour les deux premiers.
Cette erreur chronologique importante prouve que les Ruffo du Moyen-âge
ignoraient tout de l’histoire de Byzance et qu’ils ne peuvent avoir inventé l’existence
de ces généraux vaincus dont les prénoms se rattachent les uns aux autres, et
sont utilisés dans la famille romaine Rufus.
Ne pouvons-nous voir en ceci une preuve logique de ce que l’origine des Ruffo
se situe bien à Byzance et
de là à la Rome Antique.